Une des obsessions quand on parle de nourrir son chien au Barf ou à la ration ménagère, c’est la peur d’une alimentation déséquilibrée, contrairement à la croquette, qui elle grâce à plus de cinquante ans de marketing acharné, nous est vantée comme parfaitement ajusté au nano gramme près.
Cela est très discutable, notamment car aucun être vivant sur terre ( même les humains!) ne consomme à chaque repas la dose parfaite de micro et macro nutriments.
Les recherches modernes tendent d’ailleurs à démontrer l’importance des enzymes vivantes notamment pour le renforcement immunitaire et la prevention des maladies auto-immunes et cancéreuses. Si ces sujets vous intéressent lisez aussi nos pages L’alimentation et Santé
Cela dit, même si en donnant une base très simple de carcasses, viande et restes de table on peut faire largement aussi bien (ou mieux) et moins cher qu’avec de la nourriture industrielle, on peut quand même faire encore mieux avec quelques compléments alimentaires assez économiques et efficaces.
A une époque où l’on nous parle tant du bien être animal, la question du bien-être psychologique induit par une bonne gamelle est souvent oubliée!
Petit rappel des bases.
L’essentiel : une base d’os charnu.
Le régime BARF (Biologically Appropriate Raw Food tel que décrit notamment par le Docteur Ian Billinghurst) vise à respecter les besoins naturels du chien : de la viande crue, des os, des abats… et un peu de bon sens !
Pour les quantités :
– Chiens adultes : comptez environ 2 à 3 % du poids corporel par jour.
Viande et os (60- 80% du poids de la gamelle totale):
4 à 5 jours par semaine : carcasses de poulet (environ 25 % d’os et 75 % de viande/peau).
1 à 2 jours par semaine : cuisses ou pilons de poulet, plus riches en viande (80 % muscle, 20 % os).
1 jour par semaine : un repas à base de viande rouge + abats (foie, cœur, rognons…).
Et on n’hésite pas à recycler les restes de table (20- 40% de la gamelle):
légumes cuits ou crus, riz, pâtes, pain rassis, fruits … voire un peu de croquettes si besoin. Pas besoin d’être anti-céréales c’est un argument markéting, sauf allergie elles ne posent pas de problème en soi si on est en-dessous de 40% de la gamelle totale.
Les compléments alimentaires essentiels
Quelques ajouts simples suffisent à équilibrer la ration et renforcer la vitalité du chien :
Levure de bière (2 à 4 g / 30 kg) : vitamines B, peau, poil, immunité.
Poudre de varech (kelp) (0,5 à 1 g / 30 kg) : iode et oligo-éléments.
Huile de saumon ou de sardine (1 c à café/jour) : oméga-3 anti-inflammatoires
Les petits plus à ajouter de temps en temps
Pas forcément indispensables tous les jours, mais utiles de temps en temps ou si on veut faire encore mieux :
Yaourt nature ou fromage blanc (une grosse cuillère à soupe de temps en temsp) : flore intestinale.
Vinaigre de cidre bio (1 c. à café dans la gamelle 1 à 2 x semaine) : digestion, acidité, minéraux.
Huile végétale de qualité (tournesol, lin, cameline…) (1 c. à café dans la gamelle 1 à 2 x semaine): oméga-6 ou 3 selon le cas.
Carcasses de crevettes: Chitine et glucosamine : favorisent la santé articulaire (comme la moule verte), utiles chez les chiens actifs ou âgés, minéraux marins : calcium, phosphore, magnésium, iode.
Coquille d’oeuf broyée: calcium, magnésium, zinc, bore, cuivre, fer, manganèse, strontium — en très petite quantité, mais utiles.
Moule verte (1,5 à 3 g / 30 kg) : articulations, souplesse, confort possible tous les jours
Curcuma + poivre noir : anti-inflammatoire doux (0,5 à 1 g curcuma/j) si inflammation, douleurs articulaires, entraînement intensif.
Graines de courge moulues (1,5 à 2 g / 30 kg) : zinc, possible tous les jours
Poissons gras ( sardines, thon, saumon…) : riches en oméga-3, vitamine D et protéines hautement digestibles — 1 à 2 fois par semaine, 30- 50g g pour un chien de 30 kg.
Huile de foie de morue : source de vitamines A et D + EPA/DHA — 1 ml/10 kg de poids, 1 fois/semaine maximum (éviter surdosage en vitamine A).
Feuilles de thé vert : riches en antioxydants (catéchines) protecteurs cellulaires — 0,5 g/30 kg, 1 fois/semaine maximum, bien séchées.
Herbes (thym, romarin, origan, etc.) : digestives, antioxydantes et antiseptiques légers — 1 à 2 pincées/jour pour un chien de 30 kg, à saupoudrer sur la ration.
En conclusion : une alimentation simple, saine et économique
Nourrir son chien avec des aliments crus ou frais n’est pas si compliqué.
Pas besoin d’acheter du bison bio ou des baies d’açaï : des carcasses de poulet, quelques abats et des restes des compléments simples et un peu de bon sens suffisent.
Rappelons que le chien survit au côté de l’humain depuis plus de 30000 ans en mangeant ses restes, et que c’est même probablement pour ces fameux restes qu’il a renoncé à sa liberté de loup… mais c’est là un autre sujet…
Lignées, sélection et équilibre entre garde et défense
Le chien destiné à la protection des familles n’est ni un animal de compagnie ordinaire, ni un chien de sport et pas non plus un chien militaire ou de police.
Lorsqu’on parle de protection, il est essentiel de distinguer deux missions bien distinctes : la garde du territoire, et la défense. Souvent vouloir les deux en revient à avoir un chien moins spécialisé.
Uther Des Crocs Véritables
Chaque fonction implique des exigences différentes, tant en termes de sélection que d’éducation.
Dans cet article, nous abordons le choix de la lignée, du chiot, les conditions de vie essentielles, et surtout l’adaptation du parcours selon le rôle attendu.
Garde, défense, ou les deux : trois logiques différentes
* Le chien dédié à la défense est un chien qui agit sur ordre ou par analyse de situation. Il accompagne son maître en dehors du domicile, croise du monde sans réagir, mais reste vigilant. Il doit savoir faire preuve d’une grande neutralité, mais aussi être capable de réagir avec force, lucidité et sang-froid. Il dissuade par sa présence, mais il doit aussi savoir s’interposer en cas de besoin.
C’est un chien très exposé socialement, donc très encadré.
* Le chien de garde quant à lui, protège un territoire qu’il considère comme sien. Il agit sans ordre, par instinct, à travers la clôture ou à distance. Il ne doit pas attaquer mais avant tout dissuader : son aboiement, sa posture, son regard sont ses armes. Il doit être stable mais instinctif, sûr de lui mais pas sociable envers les étrangers.
La plupart des chiens sont très actifs dès qu’ils repèrent un congénère ou un animal sauvage s’approcher du territoire mais ils sont peu à le faire de nos jours quand il s’agit d’humains, cette distinction est fondamentale.
* Le chien capable de pouvoir effectuer à haut niveau les deux est rare et repose sur un compromis parfait : instinct, équilibre nerveux, bon dressage, gestion fine du territoire et du lien avec l’humain.
C’est possible avec un Berger Allemand sélectionné rigoureusement, élevé dans de bonnes conditions et suivi avec constance.
Le chien de défense : un équilibre entre sociabilité et retenue
Pour la défense, il est essentiel que le chien soit exposé très tôt à une grande variété d’environnements : marchés, parcs, centre-ville, gares, passages étroits, foule… Il doit croiser toutes sortes de personnes sans que cela n’éveille chez lui ni peur, ni euphorie. Il doit être curieux, solide, et capable de discernement.
Théo Des Crocs Véritables
Mais cela ne signifie pas qu’il faut le rendre accessible à tous. Il est important de ne jamais le laisser être caressé, nourri ou sollicité par des inconnus. Il doit rester neutre, méfiant, mais pas réactif. Le lien de confiance doit être exclusivement centré sur son maître ou sa famille.
Le chien de défense doit apprendre à se mettre en éveil sur commande, à aboyer, à analyser une attitude, et à se calmer aussi vite qu’il peut se mobiliser. Ces compétences se développent avec un dresseur ou un assistant, dans un cadre rigoureux.
Le mordant en tant que tel n’est pas indispensable si le travail est bien conduit.
Le dressage type IGP ( si vous ignorez de quoi il s’agit cliquez ici) peut cependant être utilisé comme outil, à condition d’en comprendre les mécanismes : le mordant ne doit jamais être la base de l’apprentissage, mais venir en second temps comme récompense au courage et à l’engagement, pas comme moteur de l’action. Un chien qui mord parce qu’il aime mordre un artifice (costume ou la manchette) = instinct de proie.
Ce n’est pas forcément un chien de défense. Il réagit au mouvement, non à l’intention.
Il est donc crucial de ne pas confondre chien de sport et chien de protection civile.
De plus, rappelons qu’en France il n’est de toute façon pas question de dresser le chien à l’attaque (phase active de mordant) pour un particulier. Dans d’autres pays, comme les Etats-Unis par exemple ce type d’entraînement est chose commune.
Les chiens issus de lignées de sélection uniquement sportive sont souvent très motivés par et pour la morsure: rapides, puissants, mais parfois peu vigilants et ou trop impulsifs et dépendants de l’humain.
Est-ce la peine de le préciser, les chiens issus de lignées d’exposition, orientées uniquement sur le physique, sont rarement en mesure d’assurer une mission de protection fiable.
Faute de sélection comportementale orientée dans ce sens, et pour cause, ce type de chien doit se laisser toucher, manipuler par le juge et son conducteur en exposition (qui n’est parfois pas le maître lui-même).
Cela ne signifie pas qu’un chien de protection ne peut pas pratiquer de sport canin.
Au contraire, une activité bien choisie (obéissance, pistage, IGP adapté) peut renforcer la complicité et l’équilibre. Mais elle doit toujours rester au service de l’objectif final, et non devenir une échappatoire à l’instinct ou une source de confusion.
Un entraînement mal ciblé peut être contre-productif, voire nuisible à l’objectif principal.
Un mâle comme une femelle peuvent tout à fait remplir ce rôle, chacun avec ses qualités propres.
Le chien de garde : instinct, territoire, stabilité
La garde repose sur l’instinct territorial, la volonté de défendre un espace bien identifié, et une forme d’autonomie comportementale. Le chien doit se sentir chez lui, en lien étroit avec sa famille, tout en gardant une méfiance nette envers les étrangers.
Le chien de garde est d’abord un chien dissuasif. Il protège un territoire, repère ce qui sort de l’ordinaire et signale une approche ou une tentative d’intrusion.
Son rôle est avant tout de faire fuir : il donne de la voix, fait sentir sa présence. Il n’a pas nécessairement vocation à entrer en contact avec l’intrus.
Ce type de garde convient surtout à des habitations isolées. En ville, les aboiements dissuasifs peuvent rapidement poser problème avec le voisinage.
L’idéal, le plus simple et efficace est de constituer un binôme mâle-femelle qui vit ensemble en liberté sur le territoire. Ils forment une mini-meute. Cela crée un équilibre naturel dans les réactions, renforce la stabilité et l’attachement au territoire, favorise les instincts et l’épanouissement.
A défaut, il est en général plus facile de trouver un mâle avec cette aptitude, surtout si le territoire à protéger est vaste.
Mais le chien est un animal de meute, il aime la compagnie et ils sera moins heureux et équilibré dans son travail s’il vit seul. Lire aussi Ce que le Berger Allemand exige au quotidien
Le lien à la famille doit être fort et respectueux : estime, affection, structure. Le chien de garde doit prioritairement être un chien totalement innofensif et doux avec sa famille.
La sélection est ici encore plus importante que pour la défense : l’instinct de garde ne s’invente pas. Le choix de la lignée est le point numéro 1, puis vient le choix du chiot au sein de la portée.
Il est probable qu’un éleveur qui ne propose pas de sélection caractérielle ou qui vous dit » tous mes chiens gardent« , est soit ignorant, soit dans le meilleur des cas se ment à lui-même, ce qui en revient à jouer à la lotterie.
Ce n’est pas une science exacte, mais il faut au moins tenter de déceler au sein de la portée les prémices visibles de cet instinct: chiot trop sociable ou trop fuyant, trop dominant sont souvent à exclure.
Il faut savoir observer l’interaction au sein de la portée, la réaction à l’inconnu, la capacité à s’isoler et à surveiller.
Si l’on veut être sûr il faudrait attendre entre 6 et 12 mois, ce qui est rarement possible.
Ceci n’est que le début, il s’agit ensuite de le faire murir correctement, ne pas inhiber mais au contraire renforcer les instincts.
C’est d’autant plus fondamental les deux premières années: le chien doit grandir dans un environnement qui le rend heureux, entouré de bienveillance. Un chien qui se sent respecté et bien nourri cherchera en retour naturellement à protéger ce qu’il perçoit vital.
L’éducation : respect de l’instinct, contrôle du contexte
Même un chien destiné à la garde à besoin de vivre des expériences extérieures. Il doit pouvoir marcher en ville, côtoyer d’autres humains ou chiens sans panique ni agressivité, mais sans chercher le contact non plus. Il doit être inoffensif en dehors du territoire, mais réservé.
Sur le territoire, les premières expériences doivent être soigneusement encadrées. Pendant sa première année, le chiot devrait être isolé de tout contact direct avec les étrangers au cercle familial : pièce à part, chenil, barrière, idéalement on laissera environ 10m de distance.
Il est évident que si le chiot montre des signes d’alertes, souvent à la tombée de la nuit, il n’est pas question de le réprimander mais au contraire de le féliciter.
Cela renforce sa confiance et son exclusivité envers sa famille.
A partir au plus tôt des 6 mois, souvent plus vers les 10 à 12 mois, selon sa maturité, on peut commencer les premiers exercices d’éveil à la garde : en l’absence du maître, un inconnu (assistant) vient se montrer à travers la clôture, à l’improviste. Dès les premiers signes d’alerte du chien (aboiement, posture, surveillance), l’assistant s’éloigne, simulant crainte et fuite. Le maître sort alors et félicite calmement son chien.
Ces exercices renforcent l’instinct sans le forcer. Ici encore il ne s’agit pas de le faire mordre, mais de renforcer la dissuasion et la confiance en sa capacité de dissuasion.
Plus tard, on peut introduire les exercices de contrôle, en demandant au chien de tolérer une présence sur le territoire (par exemple le facteur) sans réagir, afin d’affiner sa compréhension des limites et des rôles.
Construire un binôme fiable et adapté
Un chien de défense, un chien de garde, ou un chien qui combine les deux fonctions, nécessitent des sélections, des méthodes et des contextes de vie différents.
Ce n’est pas une affaire de performance, mais d’adéquation entre l’individu, son environnement, ses missions et la nature de son lien au maître.
Le Berger Allemand, à condition d’être choisi avec soin, dans une lignée stable et lucide, reste aujourd’hui l’une des rares races capables d’assurer l’un ou l’autre de ces rôles — voire les deux — dans le respect de la loi, de la sécurité et de l’équilibre familial.
En conclusion, il nous semble important de distinguer les fonctions de garde et de défense, de leur rendre leur lettre de noblesse, car de toutes les tâches à accomplir, surtout dans un pays comme la France c’est peut-être une des plus subtil qui est demandé au chien.
Il nous paraît essentiel que chacun clarifie ce qu’il recherche comme objectif prioritaire ( compagnie uniquement ou plus sport, mission, de garde ou de défense) et ne les confonde ni entre eux ni avec le travail demandé aux chiens professionnels.
S’interroger sur ces sujets c’est avant tout choisir une vision de la relation homme-chien que l’on souhaite construire.
Épisode 1 : comprendre les vraies différences entre garde et défense, et ce que permet (ou interdit) la loi.
Protection de la maison, réaction sur commande, rôle dissuasif : entre idées reçues et réalité juridique, on remet les bases à plat dans une série d’articles concrets.
Le Berger Allemand est l’une des rares races capables d’assurer à la fois la garde autonome d’un territoire et la défense active de ses maîtres. Encore faut-il bien comprendre ce que recouvrent ces deux fonctions, car elles exigent des aptitudes et des encadrements très différents.
Trop souvent confondues dans l’imaginaire collectif, garde et défense obéissent à des logiques comportementales, techniques et surtout juridiques distinctes. Cet article a pour but d’éclaircir ces notions essentielles, afin de permettre à chaque propriétaire de chien de protection d’agir de façon responsable et efficace, en particulier dans le cadre de la législation française.
Garde et défense : deux missions bien distinctes
La garde : une dissuasion autonome
Le chien de garde agit sans attendre d’ordre. Il repère tout étranger au cercle familial et adopte une attitude dissuasive : aboiements, excitation, déplacements répétés le long des clôtures, posture haute. Il ne cherche pas le contact physique, mais impose une présence forte, destinée à faire renoncer l’intrus sans confrontation directe.
Uther Des Crocs Véritables
Ce comportement repose sur l’instinct de territoire. Il est d’autant plus efficace que le terrain est clôturé, clairement défini, et identifié par le chien comme son domaine. Le chien de garde n’est pas un chien agressif, mais un chien vigilant, sûr de lui, capable de réagir sans basculer dans l’emballement.
La défense : une neutralité maîtrisée, une action ciblée
Le chien de défense doit savoir évoluer dans des environnements humains variés : en promenade, dans un magasin, au marché, dans un jardin avec des invités. Il doit rester neutre tant qu’aucune menace réelle ne se manifeste.
Yannick Le Gallou et O’Gun
Mais en cas de danger, il doit être capable de réagir sur ordre ou de manière contrôlée à une agression directe. Cela suppose une sélection rigoureuse, un dressage précis, et une stabilité émotionnelle à toute épreuve.
Pourquoi le Berger Allemand est l’un des seuls à pouvoir assumer les deux rôles
Peu de races cumulent les qualités nécessaires à la fois pour la garde autonome et dissuasive, et pour la défense maîtrisée sur ordre. Le Berger Allemand, bien sélectionné, en fait partie. Il présente :
une forte aptitude à la concentration et à l’analyse,
une capacité à travailler en lien étroit avec l’humain,
une solidité nerveuse supérieure à celle de nombreuses autres races.
À l’inverse :
Les molosses sont puissants mais parfois trop réactifs.
Les chiens de protection de troupeaux ont une autonomie comportementale difficilement compatible avec un cadre civil.
Les Malinois typés sport peuvent être instables, hyperactifs, et manquer de neutralité en contexte social ou de vigilance et de méfiance livrés à eux-mêmes.
Le Berger Allemand offre un équilibre entre intelligence, discernement, force, docilité et capacité à canaliser ses instincts. C’est ce qui en fait, particulièrement en France, un excellent chien de travail pour des fonctions mixtes, à condition qu’il soit bien sélectionné et encadré.
Précisons tout de même que garde et défense nécessitent certaines qualités quasi opposées, aussi un chien excellent dans l’un ou l’autre des deux aspects sera souvent de moindre niveau dans son opposé; nous y reviendrons dans un prochain chapitre.
Ce que dit la loi française
Responsabilité civile : le maître est responsable de plein droit
L’article 1243 du Code civil énonce que “le propriétaire d’un animal […] est responsable du dommage que l’animal a causé”. Cette responsabilité est automatique.
Responsabilité pénale : usage de l’animal comme arme
L’article 222-13 du Code pénal considère une morsure comme une violence aggravée si elle est utilisée de façon délibérée. L’article R.623-3 sanctionne le fait de laisser un animal dangereux divaguer.
Que faire si votre chien mord quelqu’un ou si vous avez été mordu? ici
Exemples concrets et jurisprudence
Morsure d’un intrus de nuit sur terrain clos : responsabilité civile engagée, pas de sanctions pénales ( il s’agit d’un exemple, mais selon le contexte un tout autre jugement aurait pu être rendu).
Attaque à travers une clôture basse : condamnation pour négligence.
Attaque d’un passant dans la rue : usage disproportionné, poursuites pénales engagées
Ce qu’il faut retenir c’est que la légitime défense et l’usage proportionné de la force devront être démontrés afin d’éviter des sanction pénales
À l’international : des modèles inadaptés au contexte français
En Italie la défense de la propriété privée est renforcée, aux États-Unis, certains États appliquent des lois de self-defense très larges, globalement sur ces sujets la législation est plus permissive, . Mais ces pratiques ne sont pas transposables. En France, la légitime défense avec un chien reste strictement encadrée, et ne peut jamais être improvisée.
Conclusion
Comprendre la distinction entre garde et défense est essentiel. Le Berger Allemand peut remplir les deux fonctions, à condition d’être bien sélectionné, éduqué, et utilisé dans le respect de la loi. Cela garantit non seulement l’efficacité du chien, mais aussi la sécurité juridique de son maître.
Dans le prochain article, nous parlerons de l’importance du choix des lignées et du chiot, de pourquoi un chien de sport, même expérimenté en mordant, n’est pas ce qui est recherché pour ce type de tâche et nous mettrons en avant les conditions de vie essentielles à offrir à ces précieux alliés, pour à la fois les rendre plus efficaces et heureux.
Le Berger Allemand est un chien réputé pour son intelligence, sa loyauté et sa polyvalence. Utilisé depuis des décennies comme chien de travail, il a également toujours été présent dans les foyers comme chien de compagnie.
Mais peut-il réellement cohabiter avec de jeunes enfants ? La réponse est oui, dans certains cas, mais pas sans précautions. Voici les éléments à connaître avant d’accueillir un Berger Allemand dans une famille avec enfants.
1. Un chien naturellement proche de son groupe social
Le Berger Allemand est une race très attachée à son foyer. Il se montre souvent attentif à ce qui se passe autour de lui et développe facilement des liens avec les membres de la famille, enfants compris.
Certains individus vont même naturellement adopter une posture de vigilance ou de protection envers les plus jeunes.
Mais cette proximité peut parfois être mal interprétée : le chien n’est pas un baby-sitter. Sa présence rassurante ne remplace ni l’éducation parentale, ni la surveillance active des adultes.
2. Une puissance physique qui impose des règles claires
Même s’il est bien intentionné, le Berger Allemand reste un chien de grande taille, puissant, avec une musculature développée.
Son enthousiasme peut se traduire par des comportements brusques, surtout lorsqu’il est jeune : courir, sauter, bousculer sans le vouloir.
Cela peut suffire à faire tomber un petit enfant, ou à le blesser involontairement dans le cadre d’un jeu mal encadré.
Il est donc essentiel de poser très tôt des limites, d’apprendre au chien à ne pas foncer sur les enfants, et de gérer les moments d’excitation. L’éducation au calme et le contrôle des impulsions doivent faire partie intégrante du quotidien.
3. Aucun chien ne doit rester seul avec un enfant en bas âge
C’est une règle de base, valable pour toutes les races : un enfant ne doit jamais rester seul avec un chien, aussi fiable soit-il.
La communication entre un jeune enfant et un chien peut être confuse : gestes brusques, cris, réactions imprévisibles peuvent générer du stress ou des comportements inadaptés chez l’animal.
Le Berger Allemand étant un chien sensible et très réactif, il peut mal vivre certaines maladresses ou se sentir acculé s’il n’a pas la possibilité de s’isoler. Il est fondamental de respecter ses signaux, de lui offrir un espace à lui, et de ne pas le forcer à interagir.
4. Un chien intelligent, mais qui a besoin de cadre
Le Berger Allemand comprend vite, mais cela ne veut pas dire qu’il obéit sans limites. Sa vivacité d’esprit implique qu’il teste parfois les règles. Il peut aussi être en demande constante de stimulation, ce qui peut fatiguer une famille peu disponible ou déjà surchargée.
La cohérence éducative est primordiale : le chien doit comprendre ce qui est autorisé ou non dans ses interactions avec les enfants. Cela demande du temps, de la patience, et parfois l’aide d’un professionnel de l’éducation canine.
5. Un chien qui peut bien vivre avec des enfants… s’ils sont aussi éduqués au respect de l’animal
Le respect doit aller dans les deux sens. Beaucoup d’incidents surviennent non pas parce qu’un chien est agressif, mais parce qu’il est harcelé, sollicité en continu, ou manipulé sans son consentement.
Tirer les oreilles, monter sur le chien, jouer dans son panier : autant de comportements courants chez les jeunes enfants, mais à éviter absolument.
Avant même l’arrivée du chien, il est donc important d’éduquer l’enfant à la présence d’un animal : ne pas le déranger quand il mange, ne pas le réveiller, ne pas le serrer fort, et surtout le laisser s’éloigner s’il en ressent le besoin.
Pour aller plus loin, consultez aussi les recommandations officielles ANSES
6. Un bon compagnon, mais pas adapté à toutes les familles
Le Berger Allemand peut devenir un excellent compagnon pour une famille dynamique, présente, capable d’encadrer les interactions et de répondre à ses besoins.
Il n’est pas recommandé dans un foyer où les adultes sont peu disponibles, où l’éducation canine est négligée, ou dans les familles qui cherchent un chien passif et peu exigeant.
Cette race demande de l’investissement, autant physique que mental. Elle s’épanouit dans un cadre stable, où les règles sont constantes, les activités régulières, et les relations équilibrées.
Conclusion
Le Berger Allemand peut très bien vivre avec des enfants, mais ce n’est pas un chien à mettre entre toutes les mains. Sa force, son intelligence, sa sensibilité et son besoin d’activité font de lui un chien exigeant, qui demande autant à ses maîtres qu’il peut leur offrir. Une bonne socialisation, une éducation sérieuse et un respect mutuel entre le chien et l’enfant sont les clés d’une cohabitation réussie.
Redonner sa place au conditionnement classique ou quand l’émotion devient la récompense.
Dans notre précédent article, nous avons distingué le conditionnement opérant de Skinner — aujourd’hui largement utilisé dans les méthodes modernes — et le conditionnement classique de Pavlov, souvent relégué au rang de simple anecdote historique. Pourtant, ce dernier agit systématiquement en trame de fond, loin d’être dépassé il est au contraire au cœur de la relation émotionnelle qui unit le chien à son maître.
Alors que l’on parle de plus en plus de « motivation » dans le dressage, il est urgent de rappeler que la motivation n’est pas toujours un troc contre un jouet ou une friandise, au risque que cette dernière devienne la source du conditionnement classique/pavlovien. Pour rappel, c’est par la répétition que le chien associe un son, un lieu, une action à une réponse physiologique. ( Le chien salive en entendant la cloche).
Si le chien est heureux, excité, motivé chaque fois qu’il voit la balle, le boudin, le costume, la friandise, c’est normal et positif, source de motivation pour le conditionnement opérant, (action renforcement +- ou action punition +-).
Mais il peut et devrait aussi émerger de l’association affective, presque invisible, entre un comportement et une émotion générée par la présence et l’intégration avec son maître.
Quand le plaisir devient pavlovien
Le conditionnement classique, par nature, agit sans que le chien ait à « faire » quelque chose. Il lie deux éléments : un stimulus neutre (voix, attitude, situation) et une réponse émotionnelle ou physiologique (plaisir, détente, sécurité…). Ce processus est automatique, non volontaire, et c’est précisément ce qui en fait la force.
Prenons un exemple simple : un maître qui félicite son chien chaque fois qu’il revient au rappel. Si son intonation et le geste associé sont cohérents et répétés, l’action (ici le rappel) finit par évoquer en elle-même une sensation agréable pour le chien. Le retour au maître n’est plus seulement une action pour « gagner quelque chose » : c’est devenu un moment chargé positivement sur le plan émotionnel.
Autrement dit, par conditionnement pavlovien, la félicitation du maître acquiert une valeur émotionnelle positive qui lui permet de fonctionner ensuite comme un véritable renforçateur positif dans l’apprentissage.
Du conditionnement au lien : la chimie de l’attachement
Les neurosciences animales ont confirmé ce que beaucoup de dresseurs intuitifs savaient déjà : les interactions sociales agréables déclenchent la sécrétion d’ocytocine chez le chien, tout comme chez l’humain. Cette hormone est impliquée dans le lien d’attachement, la confiance et la coopération.
Autrement dit, un chien peut apprendre à associer la présence, la voix ou même le regard de son maître à une sensation de bien-être profond — sans qu’il y ait besoin d’y ajouter un objet-relais comme une balle ou une friandise.
Artifices ou interactions naturelles ?
Il ne s’agit pas ici de dénoncer les renforçateurs classiques, ni de dire qu’ils n’ont pas leur place. Ils sont extrêmement utiles dans l’apprentissage de comportements précis, dans la motivation à l’effort, ou dans la gestion des niveaux d’énergie. ( Pour en savoir plus sur le conditionnement opérant vous pouvez aussilire notre page ici)
On oublie trop souvent que le chien est aussi un être sensible et social, profondément réceptif aux émotions de son maître et que ce type de renforcement, construit sur le lien, devrait être la pierre angulaire de la relation éducative.
À force de vouloir « professionnaliser » le dressage, on risque de réduire toutes les interactions à des transactions : tu fais ceci, tu reçois cela. Or, tout comme chez l’humain, la joie de coopérer, de faire plaisir, de sentir une connexion sincère devrait être en soi une puissante source de motivation.
Pratiquer consciemment le conditionnement classique
Comment intégrer ce mécanisme dans la pratique quotidienne ? Voici quelques pistes concrètes :
Associer systématiquement intonation et contact physique : une voix chaleureuse couplée à une caresse constante dans sa forme devient un marqueur de sécurité et de plaisir.
Maintenir une stabilité émotionnelle : un maître calme, cohérent, prévisible devient un repère affectif essentiel pour le chien.
Valoriser la présence humaine comme source de plaisir : ne pas laisser les objets de récompense monopoliser l’attention. Le maître, par son attitude, peut et doit devenir gratifiant en soi.
Une motivation qui dure
Le plus bel avantage du conditionnement classique, c’est sa stabilité dans le temps. Un chien motivé uniquement par des objets peut finir par se lasser, ou être distrait par un environnement plus stimulant (typiquement chat vs balle). En revanche, un chien émotionnellement engagé dans la relation avec son maître trouve dans cette connexion un moteur plus constant, plus profond.
Vers une nouvelle éthologie du dressage
Revaloriser les mécanismes pavloviens dans le dressage, c’est revenir à une éthologie relationnelle plus fine. C’est reconnaître que le chien peut trouver sa récompense dans la qualité du lien, au-delà des objets ou des routines. Le chien n’est pas seulement un exécutant en quête de renforcement : c’est un partenaire sensible, capable d’intégrer les interactions sociales dans sa mémoire affective.
On parle souvent de techniques, de plans, de protocoles. Mais il est temps aussi de considérer ce qui se joue à un niveau plus subtil : l’influence de nos gestes, de nos voix, de nos présences sur la chimie intérieure du chien.
Car l’émotion n’est pas une abstraction : elle est neurobiologie, sécrétion d’ocytocine, activation de circuits dopaminergiques.
Et c’est là que Pavlov, bien au-delà de la cloche, nous ouvre une voie d’accès concrète à ce territoire invisible où le lien devient une récompense endogène, durable et profondément ancrée.
Conditionnement et dressage canin : une réflexion sur les mécanismes de l’éducation
Dans le monde du dressage canin, on évoque très souvent les méthodes, les outils, les récompenses et les renforcements. Mais on oublie parfois de revenir à la base des mécanismes psychologiques qui gouvernent l’apprentissage du chien. En particulier, deux types de conditionnements fondamentaux méritent d’être distingués : le conditionnement classique (ou Pavlovien) et le conditionnement opérant (ou Skinnerien).
Découvert par Ivan Pavlov, ce type de conditionnement repose sur l’association inconsciente entre un stimulus neutre et une réponse émotionnelle ou physiologique. Le célèbre exemple des chiens de Pavlov qui salivent à la cloche illustre parfaitement ce mécanisme : la cloche, associée plusieurs fois à la présentation de nourriture, finit par provoquer la salivation seule.
Chez le chien, nous utilisons ce mécanisme en permanence sans même nous en rendre compte. Un ton de voix doux, une caresse, un sourire du maître répétés fréquemment peuvent devenir des renforçateurs puissants car ils s’associent à une sensation de bien-être. Ce n’est pas une action volontaire du chien pour obtenir quelque chose, c’est une réponse émotionnelle à une situation perçue comme agréable.
B.F. Skinner a décrit un autre type d’apprentissage : le conditionnement opérant. Ici, l’animal agit volontairement pour obtenir une récompense (ou éviter une punition). C’est le système des renforcements positifs (friandises, jouets, jeux de mordant) et des renforcements négatifs (retrait d’une pression désagréable).
Aujourd’hui, la majorité des méthodes de dressage moderne reposent largement sur ce conditionnement opérant. On apprend au chien à « travailler » pour obtenir une récompense extérieure : sa balle, sa nourriture, son boudin, son jeu de mordant. Ces méthodes fonctionnent très bien techniquement, et permettent d’obtenir des comportements complexes et précis.
Le risque d’une relation « transactionnelle »
Pourtant, cette approche très opérante a une limite : le risque de centrer toute la motivation du chien sur l’objet de récompense, et non sur la relation avec le maître. Le chien exécute l’ordre pour obtenir sa balle, et non pour le plaisir de faire plaisir à son maître.
Or, le chien, en tant qu’animal social, descend d’un animal de meute dont la coopération avec le groupe est un besoin fondamental.
Bien utilisé, le conditionnement Pavlovien permet de renforcer puissamment cette dimension affective et sociale.
Une caresse, ou même un regard approbateur associé à une intonation chaleureuse peuvent déclencher chez le chien la libération d’ocytocine et d’endorphines — les hormones du plaisir social et de l’attachement.
Le chien apprend alors que le simple fait de satisfaire son maître est, en soi, source de plaisir, voir d’un plaisir supérieur à celui d’une récompense extérieure (balle, boudin, friandise…) .
Une piste d’équilibre
Idéalement, une éducation canine équilibrée devrait intégrer ces deux dimensions. Le conditionnement opérant est précieux pour apprendre les comportements. Mais le conditionnement classique permet de donner un sens émotionnel à ces comportements : faire plaisir à son maître devient, pour le chien, une fin en soi.
C’est probablement sur cet équilibre que reposent les meilleures relations maître-chien : un chien qui travaille bien et surtout qui travaille pour et avec son maître.
De nombreux propriétaires de chiens se posent la même question : Quelle quantité dois-je donner à manger à mon chien ? Et surtout : Dois-je changer la ration entre chiot, adulte et senior ?
La réponse peut surprendre : la base de l’alimentation naturelle reste étonnamment stable tout au long de la vie du chien. Cet article vous propose une approche pratique, nourrie d’expériences et enrichie par les grands principes du modèle BARF.
Contrairement à une idée répandue, un chiot ne mange pas radicalement différemment d’un adulte. Il mange plus en proportion de son poids corporel (jusqu’à 10 %), mais la composition de la ration reste sensiblement la même. Un adulte, quant à lui, mange autour de 2 % de son poids. Ainsi, on ajuste surtout les quantités, non les catégories d’aliments.
> Exemple concret :
Un chiot de 5 kg mangera environ 500 g/jour, répartis en 2 ou 3 repas.
Un adulte de 25 kg mangera environ 500 g/jour aussi, mais en 1 repas.
Le type de nourriture reste le même.
Une ration fondée sur l’os charnu
L’ossature de la ration, selon l’approche BARF, repose sur les os charnus. De nombreux éleveurs expérimentés, dont ceux qui suivent les recommandations du Dr Ian Billinghurst (Give Your Dog A Bone) ou de la Dre Karen Becker, estiment que la partie osseuse doit représenter environ 20 % de la ration carnée (soit environ 15% de la ration totale). Cela permet un bon équilibre calcium-phosphore, essentiel pour les chiots en croissance. Par ailleurs la recherche d’un équilibre entre les différents micro-nutriments doit être pensé à la semaine et non au repas, aucun être vivant sur terre ne se régule au repas.
Exemple de structure hebdomadaire simple pour varier les sources carnées :
Jours 1, 2, 4, 5 : Dos de poulet (75 % viande + peau, 25 % os)
Jour 3, 7 : Cuisses charnues (moins d’os)
Jour 6 : Viandes rouges + abats (sans os)
Astuce : Eviter d’ajouter du calcium (os) les jours d’abats, afin de ne pas gêner l’absorption du fer et du zinc.
Complémentation simple et efficace
La ration carnée représente 60 à 80 % de la ration totale. Le reste peut être adapté selon les préférences et la disponibilité :
Fruits et légumes frais (cuits ou crus)
Restes de table (riz, pain, légumes…)
Croquettes de bonne qualité (pour varier ou simplifier)
Compléments : œufs, huile de poisson, sardines, levure de bière, etc.
Le mot-clé ici est souplesse. L’essentiel est de garantir une base osseuse et carnée cohérente.
Croquettes : une segmentation marketing plus qu’une nécessité biologique
L’industrie des croquettes propose aujourd’hui une multitude de produits : alimentation pour chiots de petite race, de grande race, pour juniors, pour adultes stérilisés, pour seniors, pour races spécifiques… Ce foisonnement est en réalité moins justifié sur le plan biologique que sur le plan marketing.
En effet, aucune étude sérieuse ne démontre qu’un chien de race X a besoin d’une croquette différente de la race Y, ou qu’un senior nécessite un aliment transformé radicalement différent. Cette segmentation permet surtout de multiplier les gammes et de vendre plus cher des produits parfois peu adaptés, en particulier chez les chiots.
Selon les travaux de Larsen et al., 2012 (Nutritional needs of puppies, Vet Clinics of North America), les besoins nutritionnels des chiots varient essentiellement en proportion de leur poids et de leur croissance, mais pas dans leur nature.
Le cas des chiots de grandes races est parlant : nombre de croquettes « spécial grande race » sont en réalité mal équilibrées en calcium et phosphore. Un excès de calcium ou un ratio déséquilibré (idéalement autour de 1,2:1) peut favoriser des troubles ostéo-articulaires (voir Hazewinkel & Tryfonidou, 2002), en particulier chez les chiots en croissance rapide.
Une alimentation naturelle bien construite — basée sur des os charnus équilibrés, des viandes variées, et une attention aux signes corporels — répond bien mieux à ces besoins qu’un aliment industriel segmenté.
L’observation, clé de l’ajustement
La balance alimentaire parfaite n’est pas mathématique : c’est l’observation qui prime.
Côtes trop visibles ? Le chien est peut-être trop maigre.
Taille peu marquée, dos élargi ? Le chien est en surpoids.
Ajustez les quantités au quotidien, comme on le ferait avec un enfant en croissance.
En résumé
Le chiot et l’adulte reçoivent la même ration type, en quantité ajustée.
Une ration équilibrée contient 60-80 % de viande (incluant 10-20 % d’os, 10% d’abats…) et 20-40 % de compléments (légumes, céréales cuites, restes de table…).
L’observation est votre meilleur outil : ni balance, ni tableau, mais bon sens.
L’instinct de proie dans les lignées modernes : entre performance et dérives comportementales
Ces dernières décennies, la sélection des chiens de travail, en particulier chez le berger allemand et le malinois, s’est fortement orientée vers et par le sport.
Cette orientation a placé l’instinct de proie ou prédation au cœur des critères de reproduction. Si cela a permis d’obtenir des chiens rapides, énergiques et impressionnants, cela a aussi conduit à certaines dérives, notamment sur le plan comportemental. Ce sujet est aussi abordé ici.
L’instinct de proie : un moteur devenu hégémonique
L’instinct de proie — cette capacité à poursuivre, capturer et interagir avec un objet mobile — est précieux dans de nombreuses disciplines : obéissance, recherche, détection, mordant sportif.
Il permet une motivation extrême et une grande explosivité et fait parti des instincts ancestraux du chien.
Cependant, dans les lignées modernes, cet instinct est parfois poussé à l’extrême. Le chien devient ce que certains appellent un « Beutegeier » — un chien uniquement focalisé sur la proie, sans discernement.
Il « joue le jeu », poursuit, mord, rapporte, avec une intensité impressionnante… tant que le cadre est maîtrisé. Hors contexte, son engagement peut devenir inadapté, voire problématique.
« Le chien joue le jeu, mais en situation sérieuse, il n’y a rien derrière. »
Cette sur-spécialisation se fait souvent au détriment d’autres instincts, comme la vigilance ou la défense — deux piliers du comportement canin, autrefois essentiels dans les lignées de travail.
Nous y reviendrons dans un prochain article.
Et la communication sociale s’appauvrit.
Cette sélection exclusive sur la proie modifie profondément l’équilibre comportemental.
De nombreux chiens issus de lignées modernes ont perdu une partie de leurs capacités d’interaction avec leurs congénères et de gestion des situation de conflit.
Là où certains savaient imposer leur place par la posture, l’attitude, le regard, d’autres ne connaissent plus que la morsure.
Leur rapport au monde devient unidimensionnel : ce qui bouge se poursuit, ce qui résiste se mord.
Cela affecte non seulement la cohabitation avec d’autres animaux, mais aussi la capacité du chien à faire preuve de discernement dans des situations réelles, en dehors des terrains de sport.
Un dresseur expérimenté résumait cette évolution ainsi :
« Viele Hunde haben heute kaum noch echtes Sozialverhalten – sie regeln alles mit den Zähnen. »
→ « Beaucoup de chiens n’ont aujourd’hui plus de véritable comportement social – ils règlent tout avec les dents. »
Le vocabulaire des éleveurs de l’Est : « droite » et « gauche »
Dans certaines traditions d’élevage issues des lignées de l’Est, notamment celles influencées par les anciens standards DDR, les éleveurs distinguaient deux grands profils comportementaux : les chiens « droits » et les chiens « gauches ».
Les chiens dits « droits » sont des chiens très axés sur la proie. Ils sont souvent vifs, faciles à motiver, peu méfiants. Leur comportement est direct, sans inhibition excessive.
Cela en fait de bons candidats pour le sport, mais leur absence de vigilance naturelle peut limiter leur utilité dans des contextes réels de protection ou de garde.
Les chiens dits « gauches », à l’inverse, sont souvent plus réservés, plus attentifs à l’environnement.
Ils observent avant d’agir, font preuve de prudence, et développent un sens aigu de la vigilance.
Ils ne se jettent pas systématiquement sur la proie : leur engagement est plus mesuré, mais souvent plus profond.
Leur instinct de défense est également plus affirmé.
Un éleveur décrivait cette distinction ainsi :
« Die Linken schauen erst mal – die Rechten rennen gleich los. »
→ « Les gauches regardent d’abord – les droites foncent tout de suite. »
Ce vocabulaire, non scientifique mais issu de décennies d’observations empiriques, permet d’éclairer certaines oppositions qu’on retrouve aujourd’hui entre des lignées ultra sportives et des lignées plus complètes, plus équilibrées sur le plan instinctuel.
Vers une redéfinition du « bon chien de travail » ?
Loin de rejeter le sport, il s’agit ici de souligner une tendance : à force de privilégier la démonstration, certains chiens perdent en profondeur.
L’instinct de proie est un excellent outil de motivation, mais il ne devrait pas être le seul pilier de la sélection.
Un chien de travail complet doit pouvoir exprimer aussi bien la vigilance que la défense, la lecture sociale que l’engagement physique.
Certains chiens anciens, parfois considérés comme « ternes » par des critères modernes, étaient en réalité très complets et fiables.
Comme le disait un ancien dresseur de chiens de service :
« Ein echter Diensthund muss nicht schreien, er muss wirken. »
→ « Un vrai chien de service n’a pas besoin d’en faire trop, il doit avoir de l’effet. »
Dans un prochain article, nous reviendrons plus en détail sur cette question cruciale : comment l’hyper-développement de l’instinct de proie peut éroder les instincts de défense et de vigilance, et ce que cela implique dans la sélection de lignées durables.
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