Comprendre la consanguinité

Enjeux, méthodes et limites

La consanguinité est un concept central dans la sélection canine. Bien qu’elle puisse être un outil permettant de fixer certaines qualités dans une lignée, elle présente aussi des risques importants lorsqu’elle est utilisée sans rigueur. Dans ce chapitre, nous expliquons les grands principes de la consanguinité, ses implications concrètes, et la manière dont nous l’abordons dans notre élevage.

1. Définitions essentielles

Inbreeding (consanguinité stricte) : il s’agit d’accouplements entre individus très proches génétiquement (frère/sœur, parent/enfant, oncle/nièce…). Cette méthode est aujourd’hui déconseillée dans l’élevage canin, car elle augmente fortement le risque de transmission de tares génétiques récessives.

Linebreeding (consanguinité raisonnée) : accouplement entre individus partageant des ancêtres communs éloignés, souvent plusieurs générations en arrière. Utilisée de manière modérée, elle permet de préserver certains traits sans accroître exagérément les risques sanitaires.

Outcrossing (ou outbreeding) : accouplement entre individus n’ayant pas d’ancêtres communs significatifs sur plusieurs générations (souvent 5 ou 10). Cela permet d’augmenter la diversité génétique et de réduire les risques liés à la consanguinité, tout en nécessitant une vigilance sur la compatibilité morphologique et comportementale des lignées

– Précision sur le Linebreeding et les notations 2-3, 4-4 :

Lorsque l’on parle de linebreeding, on utilise souvent une notation du type 2-3, 3-4, 4-4, etc. Ces chiffres indiquent à quelle génération se trouve un ancêtre commun du père et de la mère dans le pedigree.Le premier chiffre correspond à la génération côté père. Le second chiffre à la génération côté mère. Par exemple :2-3 sur X signifie que l’ancêtre X apparaît en 2e génération du côté du père (donc comme grand-parent), et en 3e génération du côté de la mère (donc arrière-grand-parent). 4-4 sur Y signifie que l’ancêtre Y est présent à la 4e génération dans les deux branches. Plus l’ancêtre est proche dans l’arbre généalogique, plus l’impact de cette consanguinité ciblée est fort. Un linebreeding trop serré (par exemple 2-2 ou 2-3) peut rapidement augmenter le coefficient de consanguinité et doit être utilisé avec une grande précaution. Dans notre élevage, nous acceptons ponctuellement des linebreedings légers et réfléchis, notamment sur des reproducteurs qui ont démontré une excellente santé, stabilité mentale et qualité de production. Ces croisements sont toujours évalués en parallèle du taux global de consanguinité.

2. Le calcul du coefficient de consanguinité

Le coefficient de consanguinité (COI) mesure le pourcentage de gènes hérités de manière identique d’un ancêtre commun par les deux parents.
Il donne donc une idée de la diversité génétique effective de l’accouplement.

• Un COI de 0 % indique une absence totale d’ancêtres communs.
• Un COI entre 6 et 8 % est tolérable dans certaines lignées.
• Un COI supérieur à 12-15 % est considéré comme trop élevé et source

de risques importants.

La FCI recommande de rester sous les 6,25 % sur cinq générations (ce qui correspond à l’union de deux cousins germains).
Dans notre élevage, nous faisons le choix d’être encore plus rigoureux : nous visons un coefficient de consanguinité inférieur à 3,5 % sur 5 générations. Cette précaution participe à maintenir une base génétique solide et saine.

Comparaison morphologique entre une jeune chienne produite par Des Crocs Véritables et une chienne de lignée DDR de 1974

Comparaison morphologique entre une jeune chienne produite par Des Crocs Véritables et une chienne de lignée DDR de 1974

Pour cela, nous utilisons des outils de calcul spécialisés qui prennent en compte l’ensemble du pedigree sur 5 à 10 générations.

3. Risques liés à une consanguinité excessive

Un taux de consanguinité trop élevé peut entraîner :

• Une augmentation du risque de maladies génétiques (surtout les maladies récessives non détectables)

• Une perte de vigueur générale : croissance ralentie, affaiblissement du système immunitaire, baisse de fertilité

• Une réduction de la diversité du système immunitaire, augmentant la sensibilité aux infections

• L’apparition de troubles du comportement ou de fragilités nerveuses

4. Notre approche de la consanguinité

Nous avons fait le choix d’une approche raisonnée, alliant sélection et préservation :

• Nous privilégions les accouplements à faible taux de consanguinité, en dessous de 3,5 %.

• Nous utilisons le linebreeding modéré uniquement si un ancêtre présente des qualités exceptionnelles que nous souhaitons fixer (sans répéter plusieurs fois le même nom dans un pedigree proche).

• Nous pratiquons également le renouvellement génétique par outcrossing, en introduisant des lignées extérieures compatibles, pour renforcer la diversité sans compromettre le type recherché.

• Nous ne faisons jamais reproduire deux porteurs sains d’une même maladie récessive.

5. Les méthodes d’analyse les plus souvent employées

Voici une explication simple des trois indicateurs de consanguinité les plus souvent utilisés pour évaluer l’impact d’une alliance ( par exemple sur le site  WorkingDog) :

1. Coefficient de consanguinité (CS) ou aussi appelé Taux de consanguinité (TC)

Ce que ça mesure :
La probabilité qu’un chien ait deux copies identiques d’un même gène (homozygote) parce que ses parents ont un ou plusieurs ancêtres communs.

À quoi ça sert :
Plus ce chiffre est élevé, plus le chien est consanguin. Cela signifie une homogénéité génétique plus forte… mais aussi un risque accru de maladies génétiques ou de perte de diversité.

La formule utilisée :
Ils utilisent une approximation basée sur la proximité des ancêtres communs dans le pedigree.
La formule : CS = somme (1/2)^(n1+n2+1)n1 et n2 sont les générations qui séparent chaque parent de l’ancêtre commun.

2. Coefficient d’implexe (CI)

Ce que ça mesure :
Le taux de répétition des ancêtres dans le pedigree.
Un CI de 100 % = aucun ancêtre ne revient plusieurs fois.
Un CI inférieur = certains ancêtres sont présents plusieurs fois, donc moins de diversité généalogique.

À quoi ça sert :
Cela indique combien d’ancêtres distincts ont été utilisés dans la lignée.
Un CI bas = le même chien est utilisé souvent dans les lignées (ce qui peut être voulu pour fixer des traits, mais augmente les risques de consanguinité).

3. Consanguinité sur la lignée

Ce que ça montre :
Quels chiens apparaissent à la fois du côté du père et de la mère, et dans quelles générations.

À quoi ça sert :
C’est une vue pratique pour repérer les ancêtres communs dans l’alliance envisagée.
Cela te permet de voir exactement où la consanguinité commence dans le pedigree, et avec quels chiens.

Comprendre la consanguinité, CS, CI et consanguinité sur la lignée

CS, CI et consanguinité sur la lignée


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