Éduquer son berger allemand : construire des bases solides dès le départ
L’éducation d’un chiot ne consiste pas à lui apprendre des ordres, mais à construire une relation claire et équilibrée avec son maître.
Chez le berger allemand, cette étape est encore plus cruciale : c’est une race intelligente, réactive et sensible, qui a besoin d’un cadre cohérent dès les premières semaines.
Cet article qui intègre des supports vidéos et un programme a pour but d’accompagner les propriétaires de chiots et de d’adultes Berger Allemand de l’élevage en leur fournissant des outils simples, progressifs et adaptés.
Ces outils peuvent servir de bases également aux pratiquants de sport canin, mais bien entendu cela reste une simple base, le lecteur chevronné en tiendra compte.
De notre expérience, lorsque des problèmes relationnels apparaissent, souvent à l’adolescence du chiot, c’est toujours car les bases d’une bonne relation n’ont pas été posées, et souvent par manque de connaissances des propriétaires.
Dès que ces bases sont mises en place, les problèmes disparaissent souvent comme par enchantement, à condition que ces derniers n’aient pas déjà pris des proportions dramatiques, auquel cas il faudra en plus probablement demander conseil à un éducateur spécialisé et compétent.
Chaque concept sera illustré par une courte vidéo pour faciliter la compréhension et la mise en pratique.
Il s’agit de concepts qu’il faudra comprendre puis mettre en pratique, les vidéos ne servant que d’exemple.
Éduquer son Berger Allemand : Le plan d’action général
Nous ne suivrons pas une méthode linéaire.
Il ne s’agit pas de faire d’abord un type d’entraînement, puis un autre, mais d’apprendre à combiner plusieurs approches en parallèle.
Un chiot apprend par la répétition, mais aussi par la variété. En travaillant chaque jour un peu sur différents axes, on développe un chien équilibré, attentif et sûr de lui.
L’entraînement se divise en trois grands ensembles complémentaires :
1. Le travail “Out Drive” : calme, relation et communication
Le Out Drive- Sans Excitation/motivation extérieure englobe une série d’exercices qui seront exécutés sans trop d’excitation et avec pour unique motivation la relation avec le maître: la marche au pied, le rappel, les positions de base, la compréhension du “oui” et du “non” ainsi que le focus sur le maître.
C’est dans ces moments que se construit la confiance du chiot puis du chien envers son maître.
Le ton de la voix, la posture, la cohérence des gestes deviennent les principaux outils de communication,qu’il va ainsi apprendre à décripter.
Il est important de rappeler que la communication fluide, ici avec un chien, provient d’une capacité mutuelle à se comprendre.
L’objectif n’est pas de “dresser”, mais d’apprendre à dialoguer avec le chien.
C’est cette relation de calme et de compréhension mutuelle qui permettra plus tard de gérer les situations d’excitation sans conflit.
Pour ce faire on utilisera en premier lieu le regard, en captant l’attention du chien et en communiquant d’âme à âme. On appuiera par la voix en apprenant à moduler les intonations (aigu et joyeux pour féliciter, grâve et sévère pour marquer la désapprobation). Mais aussi par le sens du toucher en caressant, palpant, dirigeant la gestuel du chien de façon adéquat, tant avec la laisse que la main ou les jambes.
2. Le travail “In Drive” : motivation, action et apprentissage
Le In Drive-avec excitation/ motivation extérieure correspond à l’état d’excitation contrôlée dans lequel le chien apprend par motivation et pour obtenir une récompense extérieure. Le berger allemand de travail aime naturellement cet état d’excitation qui peut devenir joyeuse et motivée si bien dirigée, frustrée et desorganisée si pas travaillée.
Pour canaliser cette énergie on s’appuie essentiellement sur les principes du conditionnement opérant, c’est-à-dire sur la gestion des récompenses et des corrections.
Un point clé de l’utilisation correcte de cette méthode est le timing : l’action doit être sanctionnée ou renforcée dans l’immédiateté pour être efficace. Au bout de quelques secondes l’animal ne créé plus de lien entre son action et la réponse du maître.
Lorsque vous punissez ou critiquez votre chien pour une action commise plusieurs minutes ou heures auparavant, il comprend bien que vous êtes mécontent mais n’établit pas de lien de causalité avec l’action pour laquelle vous réagissez.
Les 4 piliers du conditionnement opérant sont:
- Renforcement positif : on ajoute un plaisir pour récompenser un bon comportement. (ici on récompense par une friandise et un « OUI » le regard vers le maître)
- Renforcement négatif : on retire une gêne quand le comportement souhaité apparaît (ici on relâche la tension de la laisse dès que le chien exécute l’ordre demandé, c’est le bip qui cesse de sonner quand vous mettez votre ceinture de sécurité dans la voiture)
- Punition positive : on ajoute une contrainte pour signaler une erreur ( ici on retient le chien avec la laisse pour le contraindre à corriger sa faute, associé à un « NON » sur un ton grâve et ferme).
- Punition négative : on retire un plaisir pour marquer une faute (ici on cache la balle jusqu’à obtention du bon comportement mais on peut aussi cesser le jeu, arrêter de donner de l’attention…).
Nous trouvons absurde de vouloir rejeter un des aspects tel que la mode actuelle du tout positif. Ceux qui prétendent faire du tout positif ignorent tout simplement le fonctionnement du conditionnement opérant et soit se privent d’une méthode de communication globale soit utilisent différents aspects de cette méthode sans même le savoir.
En revanche nous ne cautionnons en aucun cas la violence gratuite qui n’a pas lieu d’être dans cette méthode ( il ne faut pas non plus amalgamer violence et contact physique marqué tel que l’emploieraient des chiens entre eux: le berger allemand en particulier n’est pas fait en sucre, il suffit de les regarder interagir entre eux pour s’en rendre compte).
Le In Drive -en excitation peut ensuite s’appliquer en deux axes de travail complémentaires: le Food Drive- excitation/motivation par la nourriture et le Game Drive- excitation/ motivation par le jeu.
3. Le “Food Drive” : construire les bons réflexes
La nourriture est un excellent moyen d’apprentissage particulièrement pour le jeune chiot.
Se nourrir est un enjeu vital, le chien a cela gravé en lui.
L’utilisation de cette méthode favorise la concentration et le renforcement rapide du comportement juste.
On l’utilise également pour créer des automatismes moteurs : venir quand on l’appelle, s’asseoir, se coucher, garder le regard vers le maître.
Le but n’est pas de rendre le chiot dépendant à la friandise, mais de lui apprendre les gestes que l’on attend de lui et que la bonne attitude amène toujours quelque chose de positif.
Par cette méthode on crééra des automatismes dans le système nerveux du chien, avec très peu de contrainte. Une fois ces automatismes acquis alors on les nommera et le chien sera capable de les exécuter sans friandises.
Cet outil est particulièrement utile entre 2 et 8 mois, période où la mémoire associative est la plus réceptive.
Apprentissage du regard avec la friandise avec un chiot de 10 semaines.
Association du nom et de l’agréable avec un chiot de 10 semaines
Renforcer les positions correctes, puis les nommer
On peut ensuite toujours grâce à cette technique introduire des exercices plus complexes, ici exemple du « devant » « en arrière » et « au pied » avec marche arrière…
4. Le “Game Drive” : canaliser l’énergie par le jeu
Le jeu est une forme de communication émotionnelle.
Dans la nature c’est par le jeu que les louveteaux développent leurs instincts naturels.
Ils apprennent ainsi à pister puis poursuivre, saisir et enfin mettre à mort une proie…de cette capacité developpée au depart par de simples jeux dépend leur survie à l’âge adulte.
Cela touche donc également à des instincts très puissants, qu’il faut apprendre à canaliser et dévoyer pour la vie moderne du loup civilisé qu’est un Berger Allemand.
Avec son maître humain c’est en jouant que le chiot apprend à se gérer dans des phases d’excitation intense.
Le jeu permet de développer la motivation, la confiance et la complicité, tout en apprenant au chien à se maîtriser.
L’objectif est d’alterner moments d’action et retours au calme.
Le chiot comprend que le maître contrôle le jeu, et donc l’excitation. Cela renforce naturellement son autorité et sa crédibilité.
On utilise pour cela en général une balle à corde et ou un petit boudin de mordant, qui permettent de satisfaire et dévoyer les instincts de prédation.
Chez de nombreux bergers allemands l’attrait réel pour ce type de jeu commence vers 4 à 6 mois voir plus, il peut alors dépasser l’intérêt pour la nourriture.
Exercices avec la balle
Ici exercices avec le boudin
5. La cohérence du programme
La persévérance et la continuité sont les clés de ces méthodes; avec quelques minutes tous les jours les résultats seront assurés.
Tous les moments doivent être l’occasion d’appliquer ce type de programme. Le moment de la gamelle en premier lieu mais aussi au cours d’une balade, dans la maison.
La répétition, encore de la répétition.
Puis changer les environnements, dedans, dehors, en ville, à la campagne, avec d’autres chiens ou animaux autour, la relation avec le maître doit présenter un tel intérêt, que l’environnement extérieur n’est plus un problème.
Ici en ville, au milieu des poules, certains chiens devant rester immobiles, marche au pied à 4 avec chèvres en distraction… Les possibilités sont infinies et à adapter à vos besoins.
Chaque journée d’entraînement combinera un peu de Out Drive, un peu de Food Drive et un peu de Game Drive.
C’est cette alternance qui crée l’équilibre émotionnel du chiot.
Un exemple de routine quotidienne :
- Quelques minutes de marche calme, de contacts corporelles, de création d’une relation (Out Drive)
- Un court exercice motivant à la friandise au moment de la gamelle(Food Drive)
- Un jeu bref et structuré pendant la balade (Game Drive)
- Et toujours un retour au calme avant la fin
Ici calme au milieu du trafic 😁
Au fil des mois, ces mêmes exercices évolueront : les durées s’allongeront, les distractions augmenteront, mais la logique restera la même.
L’objectif de cet article est de donner à chaque propriétaire la capacité de construire un chien stable, confiant, obéissant sans contrainte, et heureux dans la relation avec son maître.
Nous tâcherons de le compémenter à l’avenir en ajoutant des idées d’exercices, des mises en situation en ville, au milieu d’animaux etc…
Comme toujours n’hésitez pas à nous solliciter en cas de besoin spécifique.
Si cet article vous a interressé, consulter également la page Articles et Réflexions et Vivre avec un Berger Allemand?
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